15 juin 2014
Yvon, le pêcheur...
J’ai passé du temps à nettoyer mes photos, à essayer du moins...
J’avais envie de partager mon histoire.
Les images sont importantes parce que parfois l’imagination nous trahit,
rendant les choses moins jolies ou peut être trop irréalistes…
Il ne sert à rien de rêver trop fort, souvent on s’en trouve déçu…
Mais avec le temps, et la sagesse que l’on acquiert,
on prend les choses qui arrivent, et on les vit pleinement comme un cadeau, une jolie surprise…
On était arrivé dans la nuit à Terre neuve…
Il était 6H00, quand j’ai aperçu le jour se lever derrière les rideaux tirés…
J’ai enfilé un vieux jogging et un gilet de laine pour me protéger des moustiques, et je suis partie, le coeur emballé, l’appareil autour du cou, le sac à dos et les pieds nus vers le vieux Rhône…
Le soleil était pâle…il faisait lourd…Les moustiques me tournaient autour…
Les couleurs étaient presque plus belles cet hiver, au même endroit….
Malgré la palette de couleurs assez fade, c’était beau, calme…
L’impression que même la faune se réveillait avec moi…
Les flamands roses au loin, des canards sur le bord se nettoyant les plumes, un ballet de mouettes dans le ciel guettant les bateaux de pêche.
Une lumière à ras de l’horizon, parfois trop intense à en griller les photos…
Et puis j’ai installé mon trépied, presque à terre, mes genoux dans l’herbe humide…
Les effluves d’eau marécageuse flottant dans l’air…
Et j’ai entendu le moteur d’un bateau…
C’était Yvon qui revenait de la pêche…
Deux mois qu’on ne s’était pas vu…
C’était comme si je n’étais jamais partie…
Ce matin j’étais sur la sur la rive, et comme d'habitude il pêchait…
Yvon m’a toujours promis qu’il m’emmènerait un jour avec lui…
Et c’était le grand jour…
Il avait arrêté son moteur et enjambait son bateau pour venir à moi,
des filets d’anguilles dans les mains…
« Bonjour, vous venez avec moi ? On part pendant au moins une heure… »
« Ouiiiiiiiiiii :::))))»
J’ai toujours pensé qu’un « vrai homme de la mer » n’emmenait jamais de femme à bord :)))
Même dans une « barcasse, pleine d’eau !!! »
Et bien comme quoi !
C’est ça que je voulais vous dire, il faut savoir saisir les jolis moments qui s’offrent à vous…
Il a tiré son bateau jusqu’à la rive, et m’a emmené jusqu’au milieu du vieux Rhône…
Lui, le chevalier servant, pêcheur du Grau du Roi, la peau burinée par le soleil, les mains caleuses, vétu de sa culotte de pêcheur…
Et moi, j’avais l’impression d’être une Princesse, enlevée à la réalité,
au milieu d’un miroir inondé d’or où s’éveillait le soleil d’un paradis perdu…
J’ai mitraillé la rive, Yvon, les filets, les mouettes…
L’eau n’était pas très profonde, mais on ne descend pas du bateau, ceux sont des sables mouvants qui vous narguent au fond du vieux Rhône…
J’observais et Yvon me racontait : la maison de l’écluse, celle au loin vers la mer où le gardien restait cloitré l'hiver…
La pêche d’autrefois, les poissons qui disparaissent, les algues qui prolifèrent…
Marie Jo, la chasse, le vieux gréement sur lequel il partait à Saint Tropez avec les marins du coin…
Et je l’écoutais, le voyant vider ses filets d’anguilles dans une poubelle placée au centre de la barque…
Et je stabilisais le bateau, avec ses allées et venues, à renouer et replacer ses filets vides sur les tuteurs …
Je suis rentrée en courant dès qu’il m’a débarqué sur la rive.
Lui partait vendre ses anguilles, et moi, j’avais hâte de raconter mon aventure en préparant de grandes tartines de beurre salé et de confiture, les effluves du café m’ayant ouvert l’appétit …
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